Les infections urinaires chez l'enfant (copié)
1 IntroductionLes infections urinaires englobent un large spectre de syndromes cliniques qui ont en commun une culture positive des urines.
- Une infection est dite basse si elle se limite à la vessie.
- Une infection est dite haute (pyélonéphrite) si elle intéresse le rein, les cavités pyélocalicielles et/ou l'uretère.
2 Etiopathogénie2.1 Fréquence, âge, sexeL'infectionurinaire est une affection fréquente (5 à 10 % des admissions dans lesservices de pédiatrie générale). Alors qu'elle est retrouvée plussouvent chez le garçon en période néonatale, la prédominance fémininedevient très nette après l'âge de 1 an.
2.2 Germes responsables L'Escherichia Coli est en cause dans 80 à 90 % des premières infections urinaires.
Le Streptocoque D (entérocoques) est retrouvé dans 5 à 10 % des cas.
Le Protéus se voit plus volontiers chez le garçon et peut favoriser la formation de lithiase coralliforme.
La Klebsiella est surtout rencontrée chez le nouveau-né.
Le pyocyanique est un germe de surinfection en particulier hospitalieret survient souvent en cas d'uropathie sévère multi-opérée.
Le staphylocoque atteint surtout les adolescents.
Certains virus (adénovirus) peuvent être responsables de cystite hématurique.
2.3 PathogénieLacontamination se fait par voie ascendante à partir de la flore fécale.La contamination par voie hématogène est exceptionnelle sauf chez lenouveau- né où l'infection urinaire serait souvent une localisationsecondaire d'une septicémie ou d'une bactériemie.
2.3.1 Facteurs favorisants liés à la bactérieLespili ou fimbriae sont des filaments situés à la surface des bactérieset possédant des récepteurs spécifiques aux cellules uroépithéliales.L'attachement à l'urothélium facilite leur multiplication dans lesurines et la progression de l'infection.
2.3.2 Facteurs favorisants propres à l'hôteTout ce qui favorise la stase des urines, favorise l'infection :uropathie malformative, reflux vésico-urétéral, vessie neurologique,immaturité vésicale, constipation.
Les facteurs de défense immunitaire de l'hôte conditionnent sa réponse à l'infection.
3 Diagnostic positif3.1 Les signes d'appelIls sont variables selon l'âge.
3.1.1 chez le nouveau-né et le nourrissonIln'existe aucun signe spécifique. Il faut savoir évoquer le diagnosticet faire une uroculture devant des signes parfois trompeurs :
•fièvre variable (parfois très élevée pouvant entraîner une convulsioninaugurable, mais souvent modérée ou totalement absente), septicémiesurtout avant l'âge de 2 mois, mauvaise prise de poids ou cassure de lacourbe pondérale, troubles digestifs (vomissements, diarrhées,anorexie),
• mauvais état général (teint d'infecté),
• ictère persistant.
3.1.2 Chez l'enfant plus grandLe tableau peut être plus évocateur :
• une fièvre élevée avec frissons, sueurs, des douleurs lombaires ou abdominales orientent vers une infection haute ;
• signes de cystite : dysurie, pollakiurie, brûlures mictionnelles, énurésie secondaire ;
• hématurie macro ou plus souvent microscopique.
3.2 L'examen clinique : doit toujours vérifier l'aspect des organes génitaux externes, en particulier rechercher un phimosis chez le garçon ;
la palpation des fosses lombaires peut être douloureuse ;
l'hypertension est rare ;
un test de dépistage doit être réalisé par une bandelette réactiveurinaire recherchant la présence de nitrites, de leucocytes et de sang.A condition de vérifier au moins ces 3 paramètres avec des bandelettesnon périmées, il existe très peu de faux négatifs (< 2 %). Enrevanche les faux positifs sont fréquents justifiant la pratiquesystématique d'une uroculture en cas de positivité de l'un desparamètres.
3.3 Les examens biologiques3.3.1 L'examen cyto-bactériologique des urines (ECBU)Lesconditions de recueil doivent être irréprochables ; on recueille lesurines au milieu du jet après une désinfection soigneuse :
• Chezle grand enfant avec une solution d'héxomédine alcoolique à 70% ; puisrinçage à l'eau stérile. Le rinçage après désinfection évite laprésence d'antiseptique dans les urines.
• Chez le petit enfant,on a recours à la poche. Après désinfection soigneuse et rincage, lapoche est posée mais ne doit être laissée en place que 30 minutes dufait des risques de contamination importants. Le recueil est parfoisdifficile. Le prélèvement par sondage n'est pas recommandé. La ponctionsuspubienne, très peu pratiquée en France, est réservée après plusieursprélèvements douteux.
Transfert des urines : Il ne doit pas excéder une heure. Elles peuvent être gardée 24 heures maximum à + 4°.
Examen microscopique :
• une leucocyturie :arrow: 105/ml est considérée comme pathologique.
• une bactériurie :arrow: 105cfu/ml à l'examen direct est pathologique.
• Il existe des bactéries isolées asymptomatiques chez 5% des filles.
Culture: Elle nous donne la numération des germes, les résultats sont obtenusen 24 heures. Les bacilles gram négatif sont dominants.
3.3.2 Examens d'orientation topographique3.3.2.1 Signes évocateurs de pyéloméphrite aiguë- fièvre élevée à 39/40°,
- frissons, sueurs,
- AEG,
- douleurs abdominales,
- biologie :
• hyperleucocytose avec polynucléose,
• syndrome inflammatoire : CRP>20mg/l, fibrine >4g/l, augmentation de la procalcitonine,
• protéinurie possible.
3.3.2.2 Signes évocateurs d'infection urinaire basse type cystite aiguë- dysurie, pollakiurie, brûlures mictionnelles,
- absence de fièvre,
- biologie : pas d'hyperleucocytose, pas de symptôme inflamatoire.
4 Diagnostic étiologique4.1 Les explorationsUnepremière infection urinaire haute justifie la recherche d'un facteurfavorisant, en particulier une uropathie par une échographie et unecystographie.
4.1.1 L'échographieExamen peu invasif, elle permet d'apprécier :
la taille et l'échogénicité des reins parfois augmentées en cas de pyélonéphrite aiguë,
l'épaisseur du parenchyme et le degré de différenciationcorticomédullaire parfois diminuée en cas de cicatrice rénale témoind'une pyélonéphrite chronique.
la taille des cavités pyélocalicielles et de l'uretère modifiée en cas d'uropathie malformative.
Cependant elle ne permet pas d'affirmer un reflux vésico-urétéral.
4.1.2 La cystographie rétrogradeestdonc indispensable pour visualiser un obstacle sous-vésical.Compte-tenu du caractère plus traumatisant, du risque septique, et del'existence de signes inflammatoires en période aiguë, elle estréalisée de façon différée après avoir vérifié la stérilité des urineset sous couvert d'un traitement anti-infectieux.
4.1.3 L'I.U.Vne sera pratiquée qu'en cas d'anomalie de l'un ou des deux examens précédents.
4.1.4 Les autres examens ne sont pas de pratique courante : le scanner est intéressant si l'on suspecte un abcès ou en cas de rein muet à l'UIV.
la scintigraphie rénale au DMSA apprécie la valeur fonctionnelle rénaleséparée. C'est l'examen le plus précis pour détecter des cicatricesrénales à distance de l'épisode aigu.
la scintigraphie au DTPA peut être intéressante pour mettre en évidence un obstacle pyélo-urétéral ou uretero-vésical.
la cystographie isotopique est considérée par certains comme un bon examen pour mettre en évidence un reflux intermittent ,
la cystomanométrie est rarement indispensable au diagnostic d'immaturité vésicale ou de vessie neurologique.
4.2 Résultats du bilan urologiqueDes informations complémentaires sont rapportées dans le chapitre des uropathies malformatives.
4.2.1 Le reflux vésico-urétéral primitifCestl'uropathie la plus fréquente de l'enfant. Il existe 4 stades (I, II,III, IV). Les stades I et II régressent le plus souvent spontanément.Les stades III et IV peuvent nécessiter une intervention chirurgicales'ils persistent au delà de l'âge de deux ans et s'ils ont étéresponsables de plusieurs pyélonéphrites aiguës sous traitementantiseptique.
4.2.2 Autres uropathies- syndrome de la jonction pyélo-urétérale,
- megauretère refluant,
- duplication uretérale avec reflux et/ou urétérocèle,
- valves de l'urèthre postérieure,
- immaturité vésicale,
4.2.3 Beaucoup plus rarement il peut s'agir :- d'une polykystose rénale dominante ou récessive,
- d'une lithiase rénale,
- d'une vessie neurologique.
5 Traitement5.1 Principe et buts-stériliser les urines et le parenchyme rénal, pour éviter l'apparitiondes cicatrices rénales (pyélonéphrite chronique) et de sescomplications :
• HTA,
• insuffisance rénale.
- choisir des antibiotiques :
• bonne diffusion dans le tissu rénal,
• bonne vitesse de bactéricidie,
• adapté aux germes les plus courants et à l'antibiogramme.
5.2 Les indications5.2.1 Les infections urinaires basses-Recherche des causes favorisantes : instabilité vésicale (urgencesmictionnelles, culotte mouillée dans la journée et énurésie nocturne),constipation, boissons insuffisantes, mauvaise hygiène périnéale,oxyurose.
- Antimicrobiens utilisés :
• acide nalidixique : NEGRAM 30 à 60mg/kg/j, sauf chez le jeune nourisson
• nitrofurantoïne: FURADANTINE 3 à 5mg/kg/j
• cotrimoxazole + triméthoprime : BACTRIM, respectivement 6mg/kg/j et 30mg/kg/j.
• nitroxoline : NIBIOL; 50 à 100mg/kg/j
Lorsque ces molécules ne peuvent pas être utilisées, les -lactamines orales sont prescrites :
• Amoxicilline 100mg/kg/j en 3 prises.
• Amoxicilline + acide clavulinique : 100 mg/kg/j en 3 prises.
• Céphalosporine de deuxième génération.
Tousles antimicrobiens sont utilisés en monothérapie. La durée dutraitement est discutée, en général de 7 jours. Pas de traitementsminute en pédiatrie. Pas de fluoroquinolones chez les moins de 15 ans.
5.2.2 Pyélopnéphrite aiguë• CEPHALOSPORINE de 3è génération, type CEFOTAXIME : 100 mg/kg/j en 3 prises IVL/1heure.
• AMINOSIDE type NETILMICINE : 6 mg/kg/j en 3 prises IVV/1 heure.
Facteurs de risque :
• uropathie connue.
• syndrome septique très sévère.
• mauvaise compliance au traitement.
Le Traitement doit être adapté à l'antibiogramme :
•Initial : il ne doit pas être inférieur à 10 jours et doit êtrepoursuivi jusqu'à la réalisation de la cystographie (au bout de 2 à 3semaines). L'efficacité est vérifiée par un ECBC à 48 heures.
•Après la cystographie, si la cystographie est normale, lesantibiotiques sont arrêtés 24 heures après l'examen. En casd'uropathie, un traitement préventif des infections est réalisé pendant18 à 24 mois par antiseptiques urinaires à un tiers de dose.
Le traitement des pyélonéphrites est susceptible d'évoluer mais il faut retenir 2 notions :
• Nécessité d'un traitement efficace et suffisamment prolongé. Ne pas banaliser.
• Nécessité de rechercher une uropathie et s'assurer de la stérilité des urines.